
Les NTIC, Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication, connaissent une énorme mutation ces dernières années. Cette évolution a été induite notamment par l’arrivée des smartphones, des tablettes et le succès des réseaux sociaux.
La digitalisation, plus récemment appelée » numérisation » ou » transformation numérique « , fait référence aujourd’hui à un mouvement lié aux nouveaux usages des consommateurs et aux nouveaux objets qui affectent frontalement les business models et les structures d’organisation en vigueur.
La transformation digitale est ainsi devenue un impératif pour une entreprise ou tout type d’organisation. En effet, elle se décline dans tous les domaines et assure une optimisation du temps et de l’argent en assurant l’automatisation de tâches de plus en plus sophistiquées. De plus, elle peut même se révéler un avantage concurrentiel dans les domaines où le tournant digital n’a pas été entièrement achevé par les entreprises.
Le Maroc vers une nouvelle ère de croissance …
En dépit de ses avancements mitigés dans le domaine du digital, le Maroc a réussi à tirer parti des technologies numériques pour conjurer l’impact de la crise sanitaire. Toutefois, pour tendre vers un Maroc digital productif, le pays est convié à créer les conditions propices à cet effet : stimuler l’innovation et l’entrepreneuriat sur ce terrain.
Le temps est à présent au rendez-vous de la transition digitale. Cette transformation n’est pas récente, mais la crise sanitaire actuelle a décrété la » vie à distance « . Elle a donc accentué le recours au numérique pour assurer la continuité opérationnelle de l’État et, pour les entreprises, la pérennité de leurs activités. Il est clair que la digitalisation est salvatrice face à l’impact brutal et sans précédent de la pandémie de Covid-19.
Un diagnostic confirmé par Mohamed Faïçal Nebri, directeur de la stratégie au sein de l’Agence de développement digital (ADD) : « la crise de Covid-19 a en effet démontré l’importance du numérique, qui nous a permis d’assurer une certaine continuité des services à la population.
Nebri évoque à titre d’exemple l’expérience de l’enseignement à distance qui a permis au ministère de l’éducation nationale d’assurer une continuité pédagogique. Il ajoute : « La distance imposée par les circonstances sanitaires a également favorisé la demande de numérisation des paiements, ce qui a stimulé le commerce électronique.
M.Nebri avance un chiffre de taille significative : « Les paiements à distance ont augmenté de 40% pendant la phase d’endiguement, par rapport à la même période en 2019 ». Pour le directeur de la stratégie de la DDA, « la crise que nous traversons montre l’importance de la transformation numérique pour notre économie, et les formidables opportunités qu’elle peut créer ».
Il affirme que « la transformation numérique, qui est déjà à l’œuvre dans un grand nombre de secteurs, se poursuit désormais à un rythme soutenu. Elle aura certainement un impact positif sur notre PIB pour l’année 2021 et aussi pour les années à venir », ceci est par ailleurs d’autant plus vrai que 80% des entreprises sont adeptes de la transformation numérique, révèle Nebri en vertu des résultats d’une récente étude.
Les écueils de la digitalisation
L’ADD, l’Agence pour le développement digital, soulève, dans sa note au gouvernement sur les orientations pour le développement du numérique à l’horizon 2025, divers verrous. Entre autres, l’absence d’une vision intégrée de la transformation numérique, les barrières réglementaires qui ne permettent pas l’utilisation à grande échelle des plateformes numériques, et les zones blanches qui restent à couvrir.
L’Agence évoque le faible débit et la faible utilisation des data-centers, ainsi qu’une pénurie de profils dédiés aux métiers du numérique. Par ailleurs, les usages en matière de digital sont encore peu répandus parmi les citoyens, les entreprises et les administrations publiques.
Enfin, jusqu’à présent, le système de gouvernance n’a pas permis un pilotage effectif de la mise en œuvre des programmes numériques. Les challenges sont donc multiples et la tâche à accomplir paraît immuable pour parvenir à construire une nation digitale à la fois efficiente et intégrative.
Bien que plusieurs services publics aient été numérisés, comme le paiement des factures, le paiement de la vignette automobile, l’inscription au permis de conduire et le dépôt de plaintes, l’effort de dématérialisation demeure substantiel.
Les enjeux majeurs à relever
La transformation digitale entraîne de nombreux défis. Premièrement, un défi en termes de ressources humaines, qui consiste à accroître les compétences pour être en mesure de supporter cette transformation. Pour cela, un plan national de formation devra être déployé.
Le deuxième défi a trait au financement de cette transformation. Avant de prétendre à un retour sur investissement, il faut d’abord réussir à investir et à mobiliser des ressources. Aujourd’hui, les PME ne disposent pas toujours de la capacité à le faire.
Le troisième grand défi concerne la mise à niveau des infrastructures technologiques existantes. Le Maroc devra assurer la mise en place d’infrastructures de pointe comme le très haut débit, la 5G, le cloud gouvernemental ou les data-centers régionaux.
Enfin, le quatrième défi réside dans la mise en place d’un cadre réglementaire idoine touchant aux transactions électroniques ou à la protection des libertés individuelles et à la lutte contre la cybercriminalité. Autant de chantiers cruciaux pour permettre d’offrir aux entreprises marocaines des conditions optimum pour leur stratégie de croissance.
La transformation digitale, terme renvoyant à une mutation de toutes les parties de l’entreprise sous l’influence de la technologie, touche l’ensemble de l’écosystème de l’entreprise. En effet, la dématérialisation est une nécessité impérieuse, et non un simple choix. Il est donc impératif que les entreprises, quel que soit leur secteur d’activité, se convertissent à l’ère numérique. C’est un changement de culture qui doit se produire dans toute l’entreprise.
Les enjeux de cette mutation doivent être parfaitement digérés par le top management pour être relayés au niveau de l’entreprise. La « digitalisation des esprits » est donc un prérequis à la transformation des outils et des processus.
Par ailleurs, les entreprises qui ne rejoignent pas cette nouvelle dynamique de transformation numérique encourent le risque de disparaître. Le déploiement des nouvelles technologies a en outre accentué les exigences du consommateur, qui demande des services de très haute qualité tout en échappant à un maximum de contraintes, à commencer par la nécessité de se déplacer. La voie de la transformation numérique emprunte la voie de la qualité et de la rapidité.
Des coopérations à valoriser
En Afrique, le Rwanda est un excellent exemple de transition digitale. La dynamique est apparue au sommet de l’État, qui a joué un rôle de catalyseur.
Une plateforme à guichet unique appelée Irembo procure des services gouvernementaux aux citoyens rwandais par le biais de trois canaux : Irembo Online Portal, Irembo Mobile USSD et le réseau d’agents Irembo. Cette formule est le fruit d’un partenariat public-privé exemplaire. Avec environ 500 services disponibles, cette plateforme a été massivement utilisée par les Rwandais.
Comme l’illustre l’exemple réussi du Rwanda, les secteurs public et privé doivent œuvrer en synergie pour bâtir une économie digitale gagnante ainsi qu’un écosystème novateur. De ce fait, et en février 2020, a été inauguré le premier Centre numérique interactif (CDI) marocain à l’Université polytechnique Mohammed VI (UM6P).
Le centre est pour sa part le reflet d’une collaboration intense entre EON Reality, leader mondial du transfert de connaissances et de compétences basé sur la réalité augmentée et virtuelle pour l’industrie et l’éducation, l’Agence américaine pour le développement international (USAID), soutenue par le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Économie verte et numérique, le ministère de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, l’Agence de développement digital (ADD) et l’Université Mohammed V de Rabat.
La collaboration entre le gouvernement, le monde universitaire et les leaders de l’industrie a largement favorisé la révolution technologique au Maroc. Ce centre numérique permettra aux étudiants marocains d’accéder à la technologie dont ils ont besoin pour réussir sur le marché du travail de demain. Bien que le Maroc soit à la traîne dans la révolution numérique, il se doit de mobiliser toutes ses ressources pour se situer en tant que nation 4.0 de référence.
Le travail à accomplir est certes titanesque mais néanmoins incontournable pour faire entrer le pays dans une nouvelle ère de son économie. Ainsi, la gestion du changement représente la principale solution pour conscientiser, former et accompagner tous les acteurs de la société dans ce processus de révolution digitale.